Une Percée en Matière d’Adaptation pour l’Afrique à la COP27

Sommet sur l’Adaptation en Afrique: Dialogue de Haut Niveau des Amis du GCA pour la COP27

P our qu’elle soit couronnée de succès, la COP27 devra répondre aux besoins de l’Afrique, le continent le plus vulnérable au climat de la planète. La priorité absolue pour l’Afrique est de trouver des financements pour des actions d’adaptation climatique. Les avancées et la transparence sur l’accord de la COP26 consistant à multiplier par deux le financement international de l’adaptation d’ici 2025 en l’intégrant aux programmes nationaux des plus vulnérables seront donc essentielles au succès de la COP27. L’Afrique a élaboré un plan d’adaptation audacieux, dirigé par l’Afrique et qui lui appartient, le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (AAAP). Garantir la pleine capitalisation des fonds de la fenêtre d’action climatique du FAD pour l’AAAP et de la facilité en amont de l’AAAP de 250 millions de dollars d’ici la COP27 sera donc une contribution importante au succès de la prochaine « COP africaine ». La concrétisation de ces éléments permettrait de doubler les efforts en matière d’adaptation lors de la COP27, plaçant le seuil de réussite pour l’Afrique à Sharm al-Sheikh.

Les chefs d’État africains, y compris les présidences de l’Union africaine et du Forum des pays à vulnérabilité climatique, ainsi que la direction de la Banque africaine de développement, se sont réunis au siège du Global Center on Adaptation (GCA) à Rotterdam pour le Sommet africain sur l’adaptation, dans le cadre du dialogue de haut niveau du GCA en vue de la COP27 de la CCNUCC à Sharm Al-Sheikh, avec des chefs d’État et de gouvernement, des organisations internationales, des banques multilatérales de développement, des banques centrales, le secteur privé, des maires, la société civile, des jeunes leaders et d’autres parties prenantes. Le principal résultat des délibérations du Sommet a été de définir une « avancée en matière d’adaptation en Afrique lors de la COP27 » en 5 points, ainsi que les principaux déterminants du succès de l’Afrique lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique à Sharm al-Sheikh, en Égypte (CCNUCC COP27), comme suit :

1. L’Afrique à un Moment Charnière

La communauté internationale a besoin de prendre en compte les nombreuses crises économiques, climatiques et sanitaires qui secouent l’Afrique. La reprise de l’Afrique après les chocs économiques et sanitaires de la pandémie de la COVID-19 qui a plongé plus de 25 millions de personnes dans la pauvreté est encore partielle. Le continent, qui importe plus de 80 % de ses denrées alimentaires, subit aujourd’hui de plein fouet les retombées du conflit ukrainien, qui a bouleversé l’approvisionnement alimentaire mondial et secoué les prix. Cette situation suscite l’insécurité alimentaire et provoque des développements humanitaires dans toute l’Afrique, puisque les dépenses alimentaires représentent 75 % du revenu des groupes les plus pauvres d’Afrique, alors que plus d’un cinquième de tous les Africains sont déjà victimes d’insécurité alimentaire. De nombreuses nations africaines ne bénéficient pas de la marge de manœuvre budgétaire nécessaire pour réagir avec efficacité, la part des pays à faible revenu en situation de surendettement ou à haut risque de surendettement s’élevant à 60 %, contre environ 20 % il y a dix ans.

2. Le Continent le plus Vulnérable

Selon le rapport d’évaluation le plus récent du GIEC (2021-22 AR6), l’Afrique est le continent le plus vulnérable aux conséquences de la crise climatique. Les États africains ne contribuent pas seulement le moins aux causes du changement climatique, générant moins de 3 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre, mais ce sont eux qui seront le plus durement touchés par l’augmentation rapide des chocs climatiques. Le réchauffement moyen mondial de 1,5 °C et le doublement des périodes de chaleur extrême attendus au cours de la prochaine décennie seront vécus localement comme un réchauffement de 3 °C à travers une grande partie de l’Afrique. En première ligne de l’urgence climatique mondiale, l’adaptation se présente comme une opportunité sans précédent pour la COP27 de faire progresser l’Afrique de manière irrévocable, en tirant parti des puissantes synergies entre l’adaptation et les emplois, les chaînes d’approvisionnement et le développement. L’adaptation est également la solution la plus efficace pour minimiser les pertes et les dommages liés au climat.

3. Le Financement de l’Adaptation Double la Mise en Œuvre

Le développement le plus significatif pour l’adaptation lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Glasgow (COP26) s’est traduit par un nouvel engagement destiné à mettre le financement international de l’adaptation sur un pied d’égalité avec l’atténuation. La concrétisation de l’accord de la COP26 pour que les nations développées doublent le financement de l’adaptation d’ici à 2025 n’est pas seulement un élément essentiel pour exploiter tout le potentiel des mesures d’adaptation en Afrique et dans le monde. Il s’agit également d’un facteur décisif pour restaurer la confiance envers la coopération internationale afin de lutter contre le dérèglement climatique dans un contexte marqué par un réchauffement et des impacts climatiques de plus en plus rapides et par l’aggravation des injustices mondiales. Un plan de mise en œuvre autonome et transparent témoignant des progrès accomplis vers l’objectif de multiplication par deux en 2025, et démontrant notamment que des fonds sont alloués à des programmes nationaux, en particulier dans le cadre de l’AAAP de l’Afrique, constituerait un résultat puissant pour la COP27 à Sharm-al-Sheikh.

4. Capitaliser le Programme d’ Adaptation de l’Afrique(AAAP)

Le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (AAAP), lancé l’année dernière, a été réaffirmé par les dirigeants africains et la direction de l’Union africaine et de la Banque africaine de développement comme l’effort d’adaptation phare du continent et le véhicule de mise en œuvre de l’Initiative pour l’adaptation en Afrique (AAI). L’Afrique a un déficit de financement en matière d’adaptation de 41 milliards de dollars par an et aucun autre programme ne peut se comparer à l’ambition des 25 milliards de dollars de l’AAAP, qui permet déjà d’agir sur le terrain à grande échelle pour catalyser une transformation résiliente en Afrique. Si le volume financier de l’AAAP a déjà été capitalisé à hauteur de la moitié, la COP27 est l’occasion pour la communauté internationale de faire preuve de solidarité avec les efforts d’adaptation audacieux du continent le plus vulnérable du monde en comblant le besoin de ressources non encore satisfait pour les actions climatiques du Fonds africain de développement (FAD).

5. Mettre en Œuvre la Facilité en Amont de l’AAAP

Les dirigeants et partenaires africains ont également souligné l’importance de capitaliser les 250 millions de dollars de ressources nécessaires pour la Facilité en amont de l’AAAP, gérés par le GCA, qui fait office de courroie de transmission pour intégrer l’adaptation dans les projets à grande échelle des institutions financières de développement actives en Afrique. Le bilan déjà avéré du mécanisme en amont de l’AAAP, qui a encadré plus de 3 milliards de dollars d’investissements dans 19 pays depuis 2021, a également démontré un ratio de levier de 1:100. La mise à disposition de l’ensemble des ressources nécessaires au mécanisme en amont d’ici la COP27 permettra à l’AAAP de concrétiser toutes ses ambitions dans des projets d’adaptation sur le terrain à travers l’Afrique, ce qui constitue l’un des principaux objectifs de la COP africaine.

Related posts: